Parmi les grands problèmes auxquels est confrontée l’Europe d’aujourd’hui figurent un chômage persistant et une montée inexorable de la précarité du travail. Depuis quelques années, on observe un durcissement des conditions d’aide aux chômeurs, une multiplication des mesures coercitives à leur encontre (obligation de rechercher activement un emploi, d’accepter des formations peu qualifiantes ou même un travail mal rémunéré sous peine de perdre ses allocations), et une difficulté accrue de retrouver un emploi stable et un salaire décent après un passage par le chômage. Comment expliquer
ce durcissement des conditions d’aide aux chômeurs ? Par la montée du chômage (moins d’actifs cotisant pour un plus grand nombre de chômeurs), mais aussi par le poids des entreprises, qui, dans un contexte de mondialisation exacerbée, sont de plus en plus soucieuses de trouver une main d’œuvre flexible et bon marché. Le phénomène s’assortit de la remise en vigueur d’un concept essentiellement moralisateur, un renouveau de "l’éthique du travail", qui consiste à dire que les pauvres sont paresseux et que des aides sociales trop généreuses ne peuvent que les renforcer dans leur comportement. Une question d’actualité en Belgique où se met en place une approche dite plus "active" de la lutte contre le chômage qui lie le droit aux allocations à une plus grande disponibilité du chômeur au marché du travail et à un contrôle accru de ses efforts de recherche d’emploi (notamment via une banque de données fédérale censée aider à analyser les comportements des chômeurs).