Déjà s’envole la fleur maigre met en scène l’arrivée puis l’installation d’une famille d’immigrants siciliens dans le Borinage, région charbonnière en déclin, le jour où Domenico, ouvrier mineur depuis dix-sept ans, décide de rentrer au pays. Les premiers débarquent remplis d’espoir, l’ancien quitte la région sans illusions : il sait que les charbonnages sont voués aux fermetures et le pays minier promis à la casse, il pressent que mémoire collective et culture ouvrière sont condamnées à s’éteindre.
Film-météore, unique et inclassable, “Déjà s’envole la fleur maigre” apparaît comme l’exemple même d’un cinéma travaillé par le triple sentiment de la précarité, de l’urgence et de l’aléatoire. À l’origine : une commande ministérielle pour un court métrage de propagande destiné à illustrer le bien-fondé de la politique de l’État belge en matière d’immigration. À l’arrivée : un contrat largement détourné sous la forme d’un long métrage situé à mi-chemin du documentaire et de la fiction (...), libre et hautement poétique, exécuté sans moyens, dans l’invention perpétuelle et l’incertitude du lendemain. Mise en fiction du réel sur le modèle du Borinage de Storck et Ivens ou du Farrebique de Georges Rouquier (pas d’acteurs, mais des personnes réelles interprétant leur propre rôle), chronique d’un jour ordinaire dans une communauté d’ouvriers-mineurs du Hainaut, le film tient tout entier dans ces trois mots, prononcés du haut d’un crassier, par lesquels le vieux Domenico initie un enfant à la vie qui l’attend, tandis qu’en panoramique la caméra dévoile l’étendue du paysage : ’Borinage’, ’Charbonnage’, ’Chômage’. Patrick Leboutte dans ’Ces films qui nous regardent’
Prix de la critique au Festival International de Porretta Terme, 1960. Médaille d’or au Festival International de Bilbao, 1961.
Primé au Festival International des Peuples à Florence, 1962. Médaille d’or au Festival International de Vicence, 1963.