Après la guerre, quelque part en Bosnie, trois femmes accompagnées d’enfants, réunies par une commune détresse, vivent, pleurent, chantent, dansent et rient, le temps d’un travail thérapeutique dans la grande maison qui les accueille. Mais surtout elles parlent, ou plutôt elles tentent, à travers une parole simple, intime et souvent difficile, de retrouver un sens à leurs vies ravagées par la guerre. De guerre lasses comme le manifeste de trois jeunes femmes, un cri de la vie contre la guerre.
"Dans ce film, la rencontre avec Fika, la thérapeute, a ainsi été déterminante. Elle est ce médium par lequel cet Autre peut nous parler directement et en profondeur. Elle permet la transmission d’une parole ; c’est une passeuse. Grâce à elle, la victime peut-être reconnue dans son intégrité. C’est sur ce principe qu’a été conçu et construit le film. C’est pour cela que la thérapeute est le plus souvent hors champ ou de dos, jusqu’à la thérapie finale où elle apparaît avec sa propre émotion. (...) J’ai connu les thérapeutes deux ans et demi avant de commencer à tourner. C’est elles qu’il a fallu convaincre en premier. Bien sûr, ce n’est pas neutre d’introduire une caméra en thérapie. Mais si les thérapeutes en ont accepté le principe, c’est parce qu’elles considéraient que la caméra pouvait être utilisée comme un outil de thérapie, un stimulant qu’elle s’est d’ailleurs révélée être par la suite. Il y avait cependant une règle de fond : dans chaque circonstance de tournage - thérapie ou non -, il serait demandé aux femmes leur accord. La question a donc été posée au début de chaque séance. Mais jamais les femmes n’ont souhaité interrompre le film." Laurent Bécue-Renard.