Un objet comme ça, on n’en croise pas souvent dans une vie de critique. Dix-sept ans est un documentaire tout simple et très carré qui trouve sa place dans notre imaginaire aux côtés de mythologiques fictions : celles des tout premiers Truffaut, celles des derniers Rossellini ou celles des actuels Dardenne. De ses premiers récits (il a alors 13-14 ans) à sa première voiture, Jean-Benoît nous accroche ferme à son sillage buté, et parfois contre son gré : une part de la magie du film tient dans le rapport sinon agressif du moins souvent tendu entre celui qui tient la caméra et son modèle. La fermeté du premier et la nature récalcitrante du second, qu’elles soient tacites ou explicites, forment hors champ un ping-pong aussi poignant que savoureux. Olivier Séguret, Libération.
Jean-Benoît est fou de joie. Il vient d’être accepté dans un garage comme apprenti mécanicien, le métier dont il a toujours rêvé. Il a deux ans pour obtenir son diplôme. Deux ans pour dompter la révolte pulsionnelle qui l’habite, dépasser son aversion pour l’autorité et échapper à “une vie de merde” qu’il connaît trop bien. Deux ans durant lesquels Didier Nion l’a accompagné, patiemment, pour qu’ils fassent ensemble ce très beau film initiatique. Progressivement, il gagne sa place dans la vie privée de son héros, dans l’univers qu’il s’est construit avec la formidable Héléna, adolescente d’une maturité inouïe qui tient à la fois le rôle d’amoureuse, d’ange gardien et de mère. Dix-sept ans aurait pu être une tragédie. C’est un film sur le miracle de l’amour. Isabelle Regnier, Le Monde.