18h00, Cinéma Nova ( Voir les accès et tarif )
La projection sera suivie d’un débat sur la représentation de l’abattage animal au cinéma. Autrefois représenté par des gravures, photos, peintures, films, sa représentation est aujourd’hui moins évidente. Entre débauche d’hémoglobine, découpe clinique, plan serré sur des parties anatomiques, le corps de l’animal et le corps du travailleur disparaissent-il ? Quel rapport à la mort animale ? Quel regard sur le travail des abatteurs ? Pour en débattre avec nous : la réalisatrice Manuela Frésil, un travailleur des abattoirs d’Anderlecht et Anne-Helène Delavigne, ethnologue (CNRS – Museum national d’histoire naturelle, France), qui a mené des travaux sur la filière viande, la mutation des savoir-faire et les représentations sociales et artistiques des métiers de la viande. Entrée du personnel
Manuela Frésil, France, 2011
Il existe différents types d’abattoirs et différentes manières de filmer ce qui s’y passe. Quelques années après avoir réalisé “Si loin des bêtes”, un documentaire sur l’élevage porcin industriel, la cinéaste et philosophe Manuela Frésil a choisi de poser sa caméra dans un abattoir industriel, pour s’intéresser aux conditions de travail des ouvriers et à leur rapport à la mort. Un lieu caché, loin de tout, au bout d’une zone industrielle, où le travail commence dans l’obscurité de la nuit. Des bruits et des odeurs de mort. Une cadence soutenue. Des gestes répétitifs dictés par la mécanisation des chaînes de découpe ou d’emballage de la viande. Des exigences croissantes de productivité. La situation absurde d’une surproduction dictée par les délocalisations et les pressions de la grande distribution. Des douleurs physiques, des articulations qui lâchent et des nerfs qui craquent. L’usure bien avant l’âge de la retraite. La crainte du licenciement. Des témoignages et des récits de vie de travailleurs à la recherche d’une “vie normale”, s’étonnant parfois d’effectuer encore ce travail dans lequel ils pensaient ne faire qu’un court passage. Et les questionnements de la réalisatrice, qui parvient avec brio à contourner l’apparente impossibilité de montrer ce travail et ses conséquences sur les ouvriers. |