Portrait de l’ancien dictateur ougandais Idi Amin Dada décédé en août dernier, réalisé en 1974 par Barbet Schroeder et qui à l’époque fit couler beaucoup d’encre.
“Quand on présente quelqu’un (Amin Dada) comme étant l’Autre et qu’on laisse entendre que cet Autre est sans doute fou, comment imaginer que le spectateur puisse faire la part de ces deux altérités, comment verra-t-il l’écart, lui qui ne connaît pas la norme ? II n’y a que dans un système fondamentalement raciste que l’Autre et le Fou s’équivalent, et c’est bien ce système-là qui commence à fonctionner avec Idi Amin Dada (cf. le suc- cès de masse de ce film, succès qui fait froid dans le dos). Le cinéma-vérité, c’est là son paradoxe, est un invraisemblable amoncellement, tas, de connaissances sensibles qui va toujours dans le sens de l’obscurantisme, donc des préjugés dominants.” Serge Daney dans Les Cahiers du Cinéma n°253, 1974.
“Les Africains sont systématiquement montrés sous leur jour le plus défavorable. Les ministres se curent le nez avec leur crayon, les policiers gesticulent de façon grotesque et les soldats copient maladroitement le pas de parade britannique. Les vertus, les crimes, les aphorismes, le sérieux et l’humour sont également écrasés, aplanis sous le poids du naturel, de cette nature que, précisément, sait appréhender dans tout l’élan de sa spontanéité "sauvage" le cinéma des Européens. Général Idi Amin Dada relève de l’impérialisme culturel.” L.S. dans Positif, n°162, 1974.