Qu’est-ce qui a poussé Walter Gaumnitz, Allemand rescapé des camps de concentration de Buchenwald et de Matthausen, à quitter Dresde, en 1947, pour cette ville des Ardennes, creuset d’une haine anti-allemande nourrie par trois guerres ? Dans Exil à Sedan, film-puzzle – enquête psychanalytique et journal intime -, son fils retrace cette histoire familiale, essaie d’en éclairer les zones d’ombre, où filtre le traumatisme d’une enfance livrée aux angoisses et aux humiliations d’un père distant et brutal. Au fil de témoignages troublants, un portrait en creux s’élabore. Il met à nu le lourd secret de cet homme hanté, peintre doué à qui les nazis demanderont de choisir parmi les prisonnières celles à livrer en pâture aux orgies des SS et d’immortaliser leurs orgies, où des femmes étaient violées et battues à mort. Victime ou bourreau ? Le réalisateur ne tranche pas, mais tente de se réconcilier avec l’image de ce père aujourd’hui décédé, qui, si longtemps, reportera sur sa famille les violences qu’il avaient subies. Un film bouleversant sur la honte. Sur ces recoins sombres où l’on ne sait plus très bien qui est la victime, qui est le bourreau.