À la pointe de l’île Saint-Germain, à l’endroit où celle-ci partage le lit de la Seine avec l’île Seguin où se dressait encore l’usine Renault Billancourt, est un jardin. Un jardin ouvrier au cœur de la plus célèbre friche industrielle de France.
Fernand a travaillé 35 ans chez Renault. Il louait depuis 45 ans une parcelle à la pointe de l’île, face à son usine aujourd’hui fermée et vouée à la démolition. Fernand est lié à son usine par une passion inquiète : « cette usine, c’est mes tripes et le jour où ils la démoliront … « . Alors peut être le monde se défera, alors peut être, il ne fera plus bon jardiner sur l’île…
Face à l’émergence de la société des loisirs, le passé ouvrier s’efface. Il est encore fortement inscrit dans les gestes et les accents, mais il est révolu. Dans sa présence obstinée, pathétique, l’usine en témoigne encore. Le film déroule les quatre saisons du jardin, ce petit espaces affleurant la Seine, ce royaume du presque rien et célèbre la passion jardinière. Dans son exploration de cet Eden dérisoire, au fil du temps, dans la lumière du fleuve, le film opère une sorte d’archéologie au présent : histoire des lieux, mémoire des gens, mémoire d’espaces.