"Le 18 février 1976, La Devinière, un lieu de psychothérapie institutionnelle, ouvrait ses portes à 19 enfants réputés incurables, refusés par tous. Ni le sens commun, ni la psychiatrie, ni la pédagogie ne pouvaient les admettre, les reconnaître. Ces enfants, en somme exilés, La Devinière les a acceptés définitivement avec comme principe fondateur de ne les rejeter sous aucun prétexte. Le mot "asile" reprend son sens, un espace sans grille, ni chimie où l’on donne le droit de "vivre avec sa folie". Au fil des saisons, j’ai filmé au plus près ce lieu qui a fait rejaillir la vie là où tout semblait condamné." Benoît Dervaux.
"Comment montrer ceux-là dont la société se sépara comme d’un rebut, pour lesquels elle ne trouva d’autre issue que l’enfermement à perpétuité, comme s’ils étaient coupables dès l’enfance de n’être pas conformes à des modèles de fonctionnement communs à la plupart de ses membres ? Comment leur donner la parole, à travers leur silence et leurs cris, à travers leurs errances et leur prostration ? (...) Pour que filmer cela ait un sens, il fallait que le cinéaste s’expose, échange paroles, gestes et regards, sans jamais travestir la nature de sa démarche et la portée de son intérêt pour ceux-là qu’il filmait. Ni voyeur, ni thérapeute, Benoit Dervaux a trouvé l’exacte distance où l’on ne sollicite de l’autre que sa présence, comme on regarde un visage inconnu avec bonté. Serge Meurant.