Une bombe nucléaire tombe dans le comté de Kent en Grande-Bretagne. C’est la panique. Des milliers de morts immédiates. La lumière insoutenable fait fondre les globes oculaires. On brûle les cadavres et on achève les blessés dans les rues. Les stocks de nourriture saine sont pris d’assaut par les pillards. On interviewe les survivants hébétés à qui la Protection Civile conseille d’emporter leur Livret de caisse d’épargne avant de rentrer dans les abris...
Commande officielle de la BBC, ce stupéfiant "documentaire d’anticipation", sur le déclenchement de la guerre atomique, ressemble à une version filmée de La Guerre des mondes d’Orson Welles. Cinglante diatribe contre les silences du pouvoir, la diffusion de La bombe a été uniquement autorisée au cinéma par crainte que le film déclenche un vent de panique. Malgré son Oscar du meilleur documentaire et le Grand prix du court métrage à la Mostra de Venise, il a fallu attendre 1985 pour que la BBC lève l’interdiction de sa diffusion télévisuelle dans le monde entier.
“J’ai réalisé La Bombe à une époque où le gouvernement anglais (et la BBC) faisait l’apologie de la force de dissuasion nucléaire. La propagande officielle assurait la population que les mesures prises par la Protection Civile en Grande-Bretagne permettraient au pays de pouvoir se relever après une guerre nucléaire totale. (...) Je n’ai pas cherché à exagérer l’horreur de la situation. Si La Bombe choque le spectateur, c’est parce qu’il voit pour la première fois, avec l’évidence de l’image, ce qu’il ne veut pas voir et ce qu’on ne lui laisse pas voir." Peter Watkins.