La cinéaste Carmen Castillo revient au Chili vingt ans après l’arrestation et la disparition de son camarade Miguel Henrique, dirigeant du MIR et des aveux sous la torture de la militante Marcia Morino qui ont provoqué la chute du réseau. Soumise à ses tortionnaires pendant dix-huit ans, Marcia, dite "La Flaca Alejandra", rompt aujourd’hui le silence et demande publiquement pardon de cette trahison.
Le film se met à l ‘écoute d’une femme qui est devenue le symbole de la trahison. Elle revient sur les années terribles et fait émerger la mémoire d’un Chili plongé dans l’amnésie et la peur. Au cours d’une visite des lieux de sa détention et de la confrontation avec ses tortionnaires, elle reconstitue les moments qui l’ont brisée : processus de dénonciation des camarades, logiques d’humiliation, possession effective par ses bourreaux... En témoignant, Marcia recouvre sa subjectivité volée et violée dans un processus de reconstruction personnelle qui prend ici une dimension nationale. Ce film perturbe par la violence qu’il réactive, mais guérit par le sens nouveau qu’il produit.