”Les prolos” est un carnet de voyage, une promenade subjective en six étapes à travers les usines de France, un état des lieux non exhaustif du travail ouvrier aujourd’hui et de sa précarisation.
De l’usine Renault Rental Trucks, usine ”classique” où l’inventivité des ouvriers est récompensée par une cafetière ou une place de cinéma, à l’usine 3M dont les actionnaires exigent chaque année une hausse de la rentabilité d’au moins 5%, le voyage de Marcel Trillat passe aussi par une usine ”modèle” où directeur et syndicalistes travaillent en co-gestion pour éviter licenciements et restructuration, ou par les méandres de la sous-traitance dans les chantiers navals de Saint-Nazaire. Le film est surtout celui d’une rencontre avec les ”prolos” - terme évidemment pris ici comme diminutif affectueux des prolétaires - des femmes et des hommes qui en 2002 existent dans leur diversité, leur solitude et leur combativité. Qui sont les ouvriers aujourd’hui ? Quelle est leur condition, quelles sont leurs aspirations, leur conscience d’eux-mêmes et de leur force ou de leur vulnérabilité...? Quelles armes leur reste-t-il pour défendre leurs droits ? Quels sont leurs engagements ?
”Ils semblent avoir disparu. Lorsqu’on entend encore parler d’eux, c’est à l’occasion d’une fermeture d’usine. Les survivants se taisent, de peur d’attirer sur eux le mauvais sort. Ils sont pourtant près de 6 millions en France. Mais la crise des années 80 et 90 a peu à peu désarmé leur combativité, affaibli leur puissance de frappe, encouragé les comportements individualistes. Malgré la relative embellie des dernières années, leurs acquis sont toujours menacés, les salaires ne progressent plus, la précarité et la sous-traitance gagnent du terrain. Dans les entreprises modernes, on ne les appelle plus les ”ouvriers” mais les ”opérateurs”, et ils ne travaillent plus ”à la chaîne” mais
”sur ligne”. ”Cela fait a peu près la même différence qu’entre les sourds et les malentendants” dit l’un d’eux...” Marcel Trillat.