En février 39, l’Espagne républicaine s’efface devant l’Espagne franquiste. Les miliciens fuient Barcelone en direction des Pyrénées orientales. Arrivés de l’autre côté de la frontière, ces 500 000 réfugiés républicains catalans sont "accueillis" par la France dans des "camps de concentration" (terme utilisé à l’époque ndlr), tout en leur confisquant bétail, voitures, camions et armes, et en veillant à les éloigner de la Catalogne. A l’époque, une série de cartes postales furent éditées pour immortaliser l’événement.
Dans l’album de photos familial de Henri-François Imbert, il y a six cartes postales de cette série, six images mystérieuses d’un camp de réfugiés érigé dans le village de ses arrière-grands-parents. No Pasaran, album souvenir, retrace les étapes d’une recherche entreprise il y a dix ans par le cinéaste pour reconstituer la série entière des cartes. Il bâtit son film comme on fait un puzzle, sans savoir ni ce qu’il représente, ni le nombre exact de pièces. Les cartes remplissent l’écran, immobiles. La voix off nous raconte l’investigation du réalisateur. Un suspense naît autour de cette quête microscopique, apparemment vaine. Rechercher les cartes manquantes pour comprendre l’Histoire, ou plutôt une histoire, celle des réfugiés républicains espagnols. Tout en sachant qu’il restera toujours une part d’ombre, une image inexpliquée. d’après Hors Champ n°6 - 2003.