La moisson en Sicile intérieure.
Dix courts métrages ont imposé Vittorio De Seta comme un des plus grands cinéastes de la géogra- phie humaine, dix documentaires réalisés entre 1954 et 1959, dont il assurait seul toutes les étapes : production, prise de vues, montage, sonorisation. Tous sont filmés en technicolor, le plus souvent en cinémascope, et mettent en scène, sans commentai- re, accompagnés seulement des bruits du travail ancestral et des mélodies des chants populaires, pêcheurs, bergers, paysans et ouvriers mineurs des terres arides de l’Italie du Sud, de la Sicile, de la Sardaigne ou de la Calabre. Tournant le dos au fol- klore, à l’anecdote, au décoratif qui, dans ces années-là, caractérisaient le néoréalisme finissant, peu à peu travesti en réalisme rose, De Seta filme les gestes et les corps en relation intime avec le ter- ritoire qui les fait vivre, comme autant d’apparitions portant le témoignage et la trace d‚une culture pay- sanne immémoriale et universelle dont Banditi a Orgosolo, son premier long métrage de fiction, pres- sent la fin et In Calabria, son dernier film en date, atteste de la perte définitive.” Patrick Leboutte, extrait du Catalogue de Lussas 2006.