Olmany, Terebejov, Gorodnaïa : trois villages du district de Stolyn, en Biélorussie, à 200 kilomètres de Tchernobyl. Dans cette zone, le taux de radiation a été jugé trop faible pour justifier l’évacuation systématique de la population. Seize ans après la catastrophe, la vie de ces communautés de paysans continue dans un paysage apparemment inchangé. Mais vivre dans ces territoires contaminés, c’est vivre sous une menace mal connue, assister impuissant à la dégradation de sa vie, faire face à l’opacité de son avenir. Une équipe de chercheurs français y travaille pour étudier les conséquences de la contamination nucléaire et mettre au point, avec les habitants, des méthodes concrètes pour se protéger. Pouvons-nous vivre ici ? Ils sont sept millions (plus de 2 millions pour
la seule Biélorussie) à pouvoir légitimement se poser cette question, sept millions de personnes en Europe à quelques centaines de kilomètres de chez nous, à affronter depuis 16 ans cette question sans réponse.
“On est saisi à la vision de ce paysage, à la rencontre de ses habitants d’une émotion radicale : cette terre d’une beauté si bouleversante ne nous est pas étrangère, les retombées même de la catastrophe nous relient à elle, à eux. Tchernobyl, cette apocalypse moderne, nous a rendu ce bout du monde étonnement proche. Cette terre, comme ils le disent : “on ne peut pas ne pas l’aimer, on n’en a pas le droit”. Sylvaine Dampiere.