Rencontre littéraire avec Dominique Manotti animée par Mateo Alaluf (Sociologue au Centre de Sociologie du Travail et de la Formation de L’ULB).
Un an après François Bon que nous avions invité pour parler de son livre Daewoo, c’est au tour de Dominique Manotti de venir à notre rencontre pour parler de son engagement et de son dernier livre Lorraine Connection. Dialogue avec une femme lucide et engagée qui n’a pas sa langue dans sa poche. Dominique Manotti, 64 ans, ex-prof d’histoire économique du XIX° siècle, militante politique et syndicale au long parcours poursuit son œuvre de chroniqueuse des temps modernes au moyen de fictions documentées à la perfection, véritables radiographies de notre société. Roman après roman, elle dénonce l’injustice fondamentale des rapports de force entre les faibles et les puissants. Son talent à reproduire le réel en lui injectant des doses de fiction n’est évidemment pas sans rappeler la démarche d’Ellroy, filiation qu’elle revendique. Dominique Manotti se distingue par son écriture rapide, efficace et imagée, au service d’une ironie décapante.
“Ceci est un roman. Tout est vérité, tout est mensonge” D. Manotti
Lorraine Connection : “L’affaire commence en 1996 à l’usine Daewoo de Pondange, où l’industriel coréen produit des tubes cathodiques. L’installation de l’entreprise dans l’ancien bassin sidérurgique lorrain, totalement sinistré, est une aubaine mais elle a coûté cher aux pouvoirs publics. Les conditions de travail y sont exécrables, l’hygiène et la sécurité sont le cadet des soucis d’une direction pas très portée sur le dialogue social (...).
Souci documentaire : L’incendie criminelle de l’usine et le départ précipité de son directeur, qui réapparaît mystérieusement en Pologne, feront comprendre que l’implantation de Daewoo en Lorraine n’était qu’une manœuvre permettant à l’entreprise coréenne de jouer sa partie dans le rachat de Thomson, que le gouvernement français a décidé de privatiser.” G.M. dans le Monde des Livres
“Ancienne syndicaliste, Dominique Manotti connaît parfaitement le monde qu’elle décrit.
Elle participe d’ailleurs très activement au comité de défense du travailleur accusé de l’incendie de Daewoo. Mais cet engagement ne l’aveugle aucunement. C’est avec un réalisme amer qu’elle décrit la condition ouvrière du XXI° siècle. Dès les premières pages, elle raconte les conditions de travail inhumaines, le manque de sécurité, la résignation des travailleurs. Elle rappelle l’histoire de cette Lorraine qui vibrait au rythme de la sidérurgie avant de s’enfoncer dans la déprime et le chômage. Il est loin le temps des grandes grèves et de la solidarité ouvrière. (...) A travers de nombreux personnages dont elle dessine le passé à petites touches, l’auteur décrit admirablement la perte des illusions, la résignation, la lutte individuelle pour garder la tête hors de l’eau.” (...) Extrait de La fin des héros du monde ouvrier de Jean-Marie Wynants, in Le Soir du 29 septembre 2006.
En collaboration avec Entrez lire (www.entrezlire.be)