Après dix ans d’exil volontaire, mis à profit pour faire des films en Europe, Robert Kramer revient aux Etats-Unis, pays dont il fut naguère une figure majeure de la contre-culture et plus encore du cinéma indépendant. Pendant six mois, en 1987 et 1988, caméra à l’épaule, il entreprend un étonnant retour aux sources, descendant la route numéro 1 qui, sur 5000 kilomètres, longe la côte atlantique de la frontière canadienne jusqu’à la pointe de la Floride, là où se condensent toutes les strates de l’Histoire américaine.
“La Route n°1 relie le Canada à Key West en Floride. En 1936, c’était la route la plus utilisée dans le monde. En 1988, elle court le long d’immenses autoroutes, et traverse les banlieues, fine bande de macadam qui traverse les vieux rêves du pays. Quand j’ai filmé pendant cinq mois le long de cette route, je n’ai pas eu l’impression de traverser le passé mais plutôt de révéler le présent. A l’ombre des échangeurs, les centres villes de verre et d’acier se découpaient à l’horizon, comme des décors de studio. Nous étions dans le présent, affrontant des temps difficiles.” Robert Kramer