Un film sur la première expérience de lutte chez de jeunes étudiants, sorte de rite initiatique traversé par le désir de réinvention de la société, du romantisme de la lutte et du poids de l’héritage des générations précédentes. Cette chronique dégage une vigueur et une lucidité hors pair et laisse transparaître tous les enjeux liés à la lutte et à l’engagement chez les jeunes d’aujourd’hui (poids du passé, rapport à la violence, peur de l’avenir, désir d’utopie, réappropriation du langage...).
“ En février 06, le gouvernement français adopte la loi Egalité des chances dont l’article 8 instaure le CPE : Contrat Première Embauche. Afin de lutter contre le chômage des jeunes, le gouvernement de Dominique de Villepin met en place ce nouveau contrat de travail. Le CPE impose une période d’essai de deux ans et permet un licenciement du salarié sans motif. Alors que le gouvernement vante la plus grande souplesse de
ce nouveau rapport patron/employé, une partie de la jeunesse française dénonce une plus grande précarisation des conditions de vie dans une société déjà en crise, et une atteinte au code du travail. Nous terminons un tournage à Naples lorsque naît la contestation en France. Très vite, nous décidons de rendre compte de ce mouvement. Nous traînons à Rennes puis à Paris. Mais nous ne trouvons pas notre sujet. Nous retournons à Caen où les étudiants démarrent l’occupation et le blocage de leur université. Dans cette université de Province, nous pouvons filmer les étudiants “de base” dans leur lutte, dans le cadre d’un huis-clos. Nous pouvons filmer “les petites gens de la lutte” dans une de ces centaines de villes françaises, loin des lieux du pouvoir ; où la fac est le lieu des fils d’agriculteurs de l’Orne, de jeunes issus de familles de classe moyenne qui ont travaillé à l’arsenal de Cherbourg, à Moulinex et dans la métallurgie. Nous choisissons de capter dans le cadre d’un huis-clos la naissance politique d’une génération et de montrer comment paradoxalement s’opère une filiation, comment se retrouvent, à travers cette lutte, les étapes et les problématiques mythiques qui ont toujours agité les mouvements sociaux." Daniela de Felice et Matthieu Chattelier.