2009 au Congo, à la veille des premières élections libres depuis l’indépendance de 1960. Confiant des caméras à de jeunes enfants, reporters pour un instant, et au contact d’anciens enfants soldats, Sarah Vanagt dresse le portrait d’un pays de cicatrices et d’espoir.
Les œuvres de Sarah Vanagt, entre pratique documentaire et installations, reposent sur des interrogations à la fois historiques, politiques et philosophiques liées à la mémoire, au trauma, à la survivance. Se penchant sur les traces d’un passé colonial ou sur la manière dont on écrit l’Histoire après un génocide, elle singularise son travail en privilégiant un regard particulier : celui des enfants. Ce rapport développé aux enfants tient avant tout du jeu, amenant une forme de constat lucide saisissant : au cœur de la captation (comme dans Begin Began Begun), l’enfant révèle le poids du passé inscrit dans ses gènes, qu’il extériorise au travers de gestes, de paroles qu’il met lui-même en scène. Dans les scènes filmées par Sarah Vanagt, le jeu ne naît donc pas uniquement de représentations préconçues ou d’un imaginaire fertile : il trouve ses racines dans une réalité traumatique, terriblement concrète.
Là où les adultes déversent leurs traumas dans l’obscurité et l’anonymat du téléphone (Silent élections), les enfants s’approprient ce qui est refoulé, devenant de mini-historiens qui travaillent l’Histoire et la mémoire d’une nation et combinent les temporalités (l’instant présent et immédiat du jeu, le passé et, par leur être en devenir, le futur). Muriel Andrin