En décembre 1995 en France, il y avait des grèves. Certains y voyaient le début d’un grand mouvement social. Durant cinq jours et trois nuits de cet hiver 95, Jean-Louis Comolli et Ginette Lavigne ont filmé six cheminots en grève à l’Antenne Traction de la gare Paris-Nord, sur les voies, les quais, et dans le poste de contrôle occupé. Sept ans ont passé. Les jours de décembre se sont éloignés à toute vitesse, point brillant au fond de quel tunnel ?
"Ce qui nous a marqué pendant ces quelques jours et nuits de tournage, c’est à quel point les manières d’être dans cette grève, de la vivre, de la dire, de la penser, étaient pour eux la chose importante. Ils n’étaient pas seulement des acteurs dans la bataille, ils étaient traversés par elle, ils la vivaient comme un moment précieux de solidarité, de vérité, de crise aussi. Revoir ces rushes aujourd’hui ne manque pas de nous étonner. Un certain nombre de "clichés" de 1995 sont démentis par les grévistes eux-mêmes. Il apparaît qu’ils avaient une claire conscience des difficultés et des limites du mouvement au moment même où ils y étaient engagés. Ils étaient pleins d’espoir sinon d’utopie, et pourtant sans trop d’illusions. (...) Les termes "réforme", "moderniser", "mondial" sont déjà en usage et sont déjà usés. Nos cheminots cheminent dans une lutte qui mène à aujourd’hui." Jean-Louis Comolli et Ginette Lavigne - Novembre 2002.