"En 1956, quelques semaines après l’écrasement de l’insurrection populaire par les Soviétiques, ma mère a quitté la Hongrie avec ses parents pour rejoindre la Suisse. Ma mère ne nous a pas appris sa langue et n’a pas beaucoup parlé de sa vie avant son exil. Le passé est devenu silencieux. J’entreprends un double voyage dans la parole familiale et dans la Hongrie d’aujourd’hui. Je récolte les petites choses qui accrochent mon regard et qui résonnent avec cette mémoire. Que se passe-t-il quand on quitte le lieu de ses origines ? Qu’est- ce qui survit à cette rupture, qu’est-ce qui se transforme ?" Olga Baillif
"Au départ, l’inconfort. Celui de ne pas connaître sa propre histoire. Ensuite, la peur de ce qui serait découvert si on pousse la porte, si on se met à poser des questions. Mais bien vite, ce travail de recherche de ses origines familiales deviendra vital pour la cinéaste. Elle pensait récolter une histoire terrible, un drame manichéen, un mythe familial. Au détour des conversations avec ses proches, elle trouvera une identité et des repères. (...)
Le voyage de la cinéaste vers la Hongrie est de ce point de vue un aspect magnifique du film. Tout commence dans un jardin désert en plein cœur de la campagne hongroise. Dans les séquences tournées là-bas on a l’impression de découvrir avec elle son pays d’origine pour la première fois. On est à mille lieux de clichés nostalgiques, de projections fantasmées.
Ce qui est à l’œuvre devant nous, c’est un regard au travail, celui de la cinéaste habitée par une histoire qui observe, se familiarise avec les lieux de ses racines, cherche des pistes, négociant constamment sa place dans le paysage, à la recherche du seul endroit possible d’où elle pourra comprendre son identité. Peu à peu, ces paysages vont se peupler et prendre chair à travers ce regard plein d’affection, de curiosité et de retenue. (...)"