“Soliloques, pleurs, lamentations, tirades philosophiques d’un frère alcoolo (Mikhail) et d’une sœur veuve (Anna) vivant sous le même toit, dans la même ferme. Esseulés, les protagonistes labourent leurs champs, chérissent une vache capricieuse, font l’éloge des vertus curatives de la salive de leur chien... s’invectivent... se réconcilient aussitôt. Et leur parole surgit souvent de manière inattendue comme si les fantômes poussaient à la catharsis le temps d’un plan, d’une séquence. Comme s’ils se savaient désormais hors du temps, invisibles au monde. Déjouant les pièges du naturalisme misérabiliste (par le son, par les prouesses d’une caméra pudique et amoureuse, par une surprenante séquence de “mise en abyme”), Kossakovsky offre le portrait sensuel d’un couple insolite sollicitant le for intérieur d’autrui avec doigté, finesse, humour. La maîtrise du cinéaste n’en devient que plus jubilatoire et d’une puissante intensité lyrique.” Claudio Pazienza